La chambre

La chambre: unité sociale

La promo était découpée en 10 classes, en première année, j'étais dans la classe 7. Plus important encore, il y avait au moins trois chambres par classe. Les gens de la chambre, s'était la famille. On faisait pratiquement tout ensemble. Dans ma chambre au deuxième étage du T4, nous étions dix au début:
Bontemps, Bouvier, Gornès, Schwab, Sourbes, Roulet, Lucas, Machefer, plus un autre dont je ne me souviens plus le nom. (je ne suis plus bien sur de l'orthographe de ces noms).
Roulet fut le premier à nous quitter, je me souviens qu'il n'arrivait pas à marcher normalement: Il avancait le bras du même coté que la jambe. Il ne resta qu'une semaine, de même que celui dont j'ai oublié le nom. Nous restames huit tout au long de la première année.

P85 Classe 7 Première Année
P85 Classe 7 en Première Année (Avril 1977)

Comment décrire la chambre? Des murs vert clair, trois fenêtres basculantes. Des lits métalliques qui couinaient dès qu'on s'en approchait. Une armoire en fer chacun, le seul endroit à soit, que les éducateurs se faisaient une joie de violer lorsqu'ils faisaient une revue de chambre. Le paquet de tabac sur l'armoire, la serviette et le gant blancs à sécher sur la barre en fer de coté. Pendu à l'intérieur de la porte de l'armoire, la trousse de toilette faite de poches dans une toile rigide.

Revue de chambre: adieu le paquet de tabac! S/C Destribat Revue de chambre: Le S/C destribat avec Bouvier
Le couvre lit vert en tissus côtelé. Le traversin dur et vieux. Je me souviens que certains jours, on changeait les draps (je crois que c'était tous les quinze jours!). Ils étaient rigides et pesaient une tonne. Les couvertures étaient épaisses et il était impossible de s'y allonger dessus tellement elles grattaient.

Le nettoyage

NettoyageA coté des fenêtres, il y avait la grande table avec les tabourets métalliques. L'acrobatie à la mode était de les empiler et de grimper dessus. Au niveau de la table, l'armoire de nettoyage où s'entassaient des produits de nettoyage bon marché et des chiffons imprégnés de cire rouge.

Cela me projette au sol. Je n'ai jamais compris qui était le despote illuminé qui, un jour, décida que le sol devait être lustré avec cette cire rouge épaisse qui était si dure á étaler et difficile à faire briller, qu'il brûle en enfer! De cela, entre autre, dépendait notre week-end. Nous avions trouvé une technique pour faire briller. Un de nous se mettait dans une couverture et deux autres le traînait autour de la chambre. C'était efficace mais on vivait dans la terreur qu'un "Educ" ne trouva la couverture.

Les activités en chambre

Casse croute en chambre. De gauche à droite: Lucas Gornès, Bouvier Il était interdit de détenir de la nourriture dans les armoires, je me souviens néanmoins des casse-croûtes que l'on se faisaient (surtout le premier week-end après une permission!). C'était si bon de manger ce qu'on voulait!


Le piège. Il était de bon ton d'attirer quelqu'un d'une autre chambre et de l'assommer à coups de pelochons. Généralement il essayait de s'enfuir vers la porte ouverte mais Bontemps qui avait son lit à l'entrée de la chambre la fermait toujours devant son nez pour qu'il ramasse un peu plus de coups.Gornès en position de relaxation

Il y avait aussi les batailles de ceinturons, pas mieux pour former l'esprit guerrier.

Les jeux de cartes avaient aussi leur place, de longues parties de belote.

La lecture, plus souvent des bandes dessinées pour adultes que du Zola.

Et puis: la relaxation:

Petite anecdote

Mon petit plaisir, c'était de me faire un chocolat chaud après l'extinction des feux. L'eau chaude du robinet n'était pas assez chaude, alors j'avais acquis une résistance plongeante. Le problème, c'était de trouver une prise de courant.
La seule que j'avais trouvé, était celle de la salle de bain de l'éduc de service, juste à côté de sa chambre. Il fallait que j'y entre sans bruit, avec ma tasse et ma résistance et que je fasse chauffer le chocolat dans le noir.
Un jour, je mis le doigt dans le liquide et je pris une décharge de 220 Volts. Le chocolat s'envola tout autour de la salle de bain. Je pense que cet Educ avait le sommeil lourd (ou bien il était beaucoup plus sympa que ce que je pensais) car il me fallut nettoyer la pièce, retourner dans ma chambre pour prendre une serviette et un gant de toilette neufs que j'avais gardés pour plus tard. L'éducateur se posa certainement des questions en faisant sa toilette le lendemain: une salle de bain qui sent le chocolat, une serviette et un gant tout neufs...

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Dernière Mise à jour: 28-Aug-2004